Haut les cœurs, passionnés de la nature! Qui parmi nous n’est pas ému par la vue d’un arbre, ce pilier indispensable de notre écosystème qui purifie gracieusement l’air que nous respirons et offre gîte et couvert à nos amis les bêtes?
Et quoi de plus charmant qu’un arbre qui sert de terrain de jeux pour les petits et de havre de paix pour les grands, bouquin en main et dos adossé au tronc? Ça, c’est le portrait idyllique. Mais prenons garde: tous les arbres ne sont pas de charmants compagnons verts. Certains sont de véritables fléaux, et pas que pour vos belles roses et vos tournesols, ils pourraient causer la perte de vos fondations! Alors, lisez la suite pour savoir comment démasquer et éradiquer ces buissons brigand…
Parlons un peu des plantes envahissantes qui nous empoisonnent l’existence. Oui, mes chers lecteurs, même l’arbre le plus anodin peut se révéler être un bandit à col blanc. Prenez par exemple le cas du poirier de Bradford. Joli comme un cœur avec ses délicates fleurs blanches mais, sous ses airs charmants, c’est un véritable caïd du jardin!
D’après un récent rapport de la Commission européenne publié par le célèbre quotidien USA Today, ces arbres à l’apparence insoupçonnable peuvent littéralement étouffer les autres plantes. Pour citer le rapport: « ils émettent aussi une odeur appréciable seulement à celle d’un poisson mort ou d’urine ». Charmant! Et si ça ne suffisait pas, leurs progénitures, les poires Callery, engendrent des sortes de « voyous à épines » très pointus susceptibles de flinguer le pneu de votre bolide. Autant dire que si vous avez un poirier Bradford hôte de votre jardin, foncez, faites le tomber!
Rassurez-vous! J’ai gardé le meilleur pour la fin. Laissez-moi vous présenter le boss du milieu des arbres invasifs.
Figurez-vous, l' »arbre du ciel » – ou Ailanthus pour les intimes – n’est pas aussi divin que son nom pourrait le laisser penser. Au contraire, c’est plutôt un être infernal. Selon le Nature Conservancy, ce vilain venu tout droit de Chine à la fin du 18e siècle n’a aucune pitié. Il pullule à vitesse grand V aux États-Unis, vu qu’il n’a aucun prédateur naturel. Grâce à la similitude climatique entre la Chine et l’Amérique du Nord, il a pu pénétrer à pas feutrés dans 44 états américains! Tout ça selon l’association Charles van Rees, ce brillant docteur en sciences de la conservation.
« Cette plante s’incruste surtout en zones urbaines, sur tout le continent américain, à l’exception du Montana, du Wyoming et des Dakotas », voilà comment M. van Rees, fondateur du blog Gulo in Nature, a décrit la situation dans une interview pour le magazine Meilleure vie.
Mais comment reconnaître ce trouble-fête? Prenez garde à ses feuilles! Elles sont faites de longues tiges avec plein de choses ressemblant à des feuilles qui poussent sur elles, « placées sur des côtés opposés. Cherchez aussi du poil sur les brindilles de l’arbre, doux et de couleur rouge-brun, ainsi que des grappes serrées de petites graines transportées par le vent », recommande M. van Rees.
Il ajoute: « Les feuilles de l’arbre du paradis ont des folioles pointues, en forme de lance, et elles dégagent une sacrée puanteur quand on les écrase ». C’est le moyen sûr de le distinguer de ses faux semblants naturels: le noyer noir, divers frênes et certaines variétés de sumac.
Ce n’est pas tout, oh non! Le pire candidat aux branches malignes a encore d’autres tours dans son sac. Non content de pousser les plantes innocentes hors de leurs territoires, l’arbre du paradis libère des produits chimiques pour les affaiblir et même les tuer. Cette pratique perfide, appelée allélopathie, est également utilisée pour perturber la structure de l’habitat des autres espèces végétales et animales et modifier l’équilibre alimentaire en changeant les plantes disponibles. Mais ce n’est pas tout! (et oui, encore!), il sert aussi de repaire à la lanterne tachetée, un insecte nuisible assez désagréable.
Et voilà le bouquet final: non content d’attaquer les autres espèces, ce méchant menace aussi nos infrastructures, surtout celle en béton. Sa croissance effrénée peut porter atteinte à la touche finale de votre jardin, en plus de menacer vos canalisations!
« Le problème, c’est qu’il pousse un peu n’importe où, aussi bien dans les sols pauvres que dans tous types d’environnements, ombragés ou ensoleillées tout va pour lui », conclut Van Rees.
« Ailanthus, l’arbre du ciel, n’est pas vraiment une bénédiction du ciel. En fait, il pourrait bien être une vraie malédiction. Non seulement il perturbe nos écosystèmes chéris et terrorise les espèces indigènes, mais il dégage aussi une odeur qui ferait pâlir un rat d’égout. Donc, franchement, c’est un parasite ! »M. van Rees, homme de l’art, nous le dira : il n’y a pas qu’une seule façon de faire mordre la poussière à un arbre du ciel. Le tout dépend de l’âge du titan végétal. Un jeune loup ? Un coup sec et hop, direction le compost. Mais lorsqu’il s’agit d’un doyen, le problème devient aussi coriace que les racines de la bête. En effet, ces dernières sont aussi profondes que le sont nos souvenirs d’enfance, autant dire que l’arrachage peut virer au cauchemar !« Les jardiniers amateurs vont souvent, par dépit, couper l’arbre net. Mais c’est comme mettre un pansement sur une jambe de bois, ça n’arrête pas la prolifération souterraine des racines, ces satanés drageons, » déplore van Rees.
« En fait, si vous voulez vraiment lui faire sa fête, il vous faudra couper tous les troncs et verser de l’herbicide directement dans la blessure. Le produit s’infiltre dans le tissu de l’arbre et finit par atteindre la racine de tous ses maux. Bref, ça le stresse, et ça peut avoir raison de lui. »Van Rees remarque que cette manière de faire est beaucoup plus sage que de balancer de l’herbicide à tout va, ce qui pourrait donner lieu à un vrai cimetière de plantes innocentes. Cependant, il signale qu’il y a une autre manière selon des experts. « Les têtes pensantes de la lutte contre les nuisibles de la Pennsylvania State University Extension conseillent de ruser. Ils suggèrent d’attendre la fin de l’été ou le début de l’automne, et ensuite de profiter de la faiblesse de la plante pour plaider pour des herbicides spécifiques. Pour les propriétaires, la technique du ‘hack and squirt‘ pourrait être ce qu’il y a de mieux. c’est simple comme bonjour : faites une entaille dans la tige du plan et balancez l’herbicide dedans. C’est un peu comme viser directement le cœur de la bête ! »